Printemps des Poètes (2)
Aujourd'hui un peu de René Char
Lettera Amorosa
Parfois j'imagine qu'il serait bon de se noyer à la surface d'un étang,
où nulle barque ne s'aventurerait.
Ensuite, ressuciter dans le courant d'un vrai torrent
où tes couleurs bouillonneraient.
Souvent je ne parle que pour toi, afin que la terre m'oublie.
Le nuage cette nuit qui cerne ton oreille
n'est pas de neige endormante,
mais d'embruns enlevés au printemps.
Et Paul Eluard qui le suit
Capitale de la Douleur
Et ta bouche qui se tait
peut prouver l'impossible
La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,
Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu,
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.
J'entends vibrer ta voix dans tous les bruits du monde.